« Surtout pas du poulet ou du lapin»
« Jamais d’os cru, c’est plein de bactéries »
« Seulement les restes de côte de boeuf » …
On entend beaucoup de choses sur le fait de donner des os à un chien, qui vont des récits de chiens nourris avec nos restes de table depuis des millénaires jusqu’aux urgences vétérinaires gravissimes.
Donner un os à son chien part toujours d’une bonne intention : on veut lui faire plaisir, lui donner une bonne friandise, qui lui procurera une activité masticatoire et hédonique, une occupation solitaire pendant un long moment, un moyen naturel d’ôter le tartre de ses dents…
Mais ce geste n’est pas anodin, et souvent il peut conduire le chien à une diarrhée, à un os coincé dans la mâchoire, ou pire chez le vétérinaire de garde un dimanche après-midi, car Glouton n’a pas du tout supporté l’os du gigot dominical.
Pour s’y retrouver, voici quelques conseils pour régaler votre compagnon à quatre pattes en toute tranquillité.
– Ne JAMAIS donner un os cuit : Il suffit d’un peu de bon sens pour comprendre que les os cuits ne sont pas adaptés au système digestif de nos chiens.
Les canidés qui attrapent et mangent une proie ne la cuisent pas avant. Vous avez déjà vu un renard sortir sa casserole pour cuisiner un sauté de lapin ? Ou une hyène se faire une grillade de gnous ?
La cuisson modifie la structure moléculaire des os en les rendant très cassants, ce qui peut perforer la paroi stomacale ou intestinale du chien et lui entraîner de très graves blessures internes.
Les os cuits peuvent aussi s’effriter en une multitude de petites esquilles osseuses acérées qui peuvent blesser à sang les parois internes du système digestif de votre chien.
Les restes du poulet rôti ou de la côte de bœuf sont donc à éviter pour le confort et la santé de votre animal…
– Préférez les os crus et charnus : C’est-à-dire avec de la viande dessus, comme par exemple les carcasses, dos, cuisses et ailes de poulet, les queues de bœuf, cous d’agneau…
Votre chien déchiquettera la viande avec ses canines, et broiera l’os avec ses molaires avant de l’avaler.
Le pH de l’estomac de votre chien est inférieur ou égal à 1 : il est très acide (bien plus que le nôtre) et dissout les os et la viande crus, qui sont ensuite digérés et évacués par le reste du système digestif qui est bien plus court et rapide que celui des humains.
La forte acidité détruit aussi une grande partie des bactéries contenues dans la viande, et le peu des bactéries survivantes sont rapidement évacuées par les intestins. Le système digestif de votre chien est naturellement programmé pour tout cela.
– Laissez-le tranquille : Votre chien déguste avec grand plaisir son trésor ? Laissez-le donc profiter de cet instant à lui.
Beaucoup de chiens ne tolèrent pas qu’on s’approche de leur gamelle quand ils mangent, d’autant plus si son contenu a une haute valeur gustative comme un os. C’est leur droit.
Personnellement j’avoue que je peux mordre aussi si quelqu’un s’approche de ma délicieuse crème brûlée que je suis en train de savourer !
Face à quelqu’un qui approche, les chiens les plus placides ne réagiront pas et laisseront leur os.
D’autres choisiront soit de s’éloigner avec leur os en gueule, soit de l’avaler tout rond sans prendre le temps de le mâcher ou de le broyer (le risque d’une occlusion ou d’un étouffement sont alors très grands), ou dans les pires des cas de figure, de défendre leur ressource alimentaire en menaçant voire en mordant la personne qui s’est approchée de trop près.
Pour éviter tout cela, c’est simple : laissez-le tranquille avec son trésor.
Et si vous voulez le sortir ou le déplacer, faites-le venir à vous en détournant son attention avec le bruit de son jouet préféré, de la laisse et du collier, de la porte du frigo qui s’ouvre, de la sonnette d’entrée qui retentit etc.
Et si vous voulez récupérer son os, faites-le hors de sa vue, quand il est occupé à autre chose, c’est bien plus simple!
– Les os à moelle … peuvent vous surprendre, comme dans la photo ci-dessous :
Avec un chien gourmand et une petite dose de malchance, il peut se coincer dans la mâchoire inférieure ou supérieure, derrière les crocs, et vous passerez le reste de votre journée chez le vétérinaire.
C’est arrivé à For Ever (notre mannequin nonos de la photo).
L’os était tellement coincé que même anesthésié, avec les muscles de la gueule totalement détendus, il était toujours impossible de retirer l’os. La vétérinaire a du le scier de part et d’autre pendant de longues minutes (les os à moelle peuvent être extrêmement solides…).
Elle m’a dit voir ce genre d’ « accident » très souvent. La seule parade est de choisir des os à moelle aux diamètres soit très grands, soit très petits, pour que le chien ne puisse se le coincer autour de la mâchoire, ou de casser l’os en deux avec un marteau ou une hache.
Attention également aux gros os trop durs, comme les os à moelle précités, les fémurs, les articulations, les os porteurs, sur lesquels les chiens, petits et grands, peuvent s’ébrécher ou se casser un croc facilement.
Enfin, il est impératif de toujours garder un œil sur votre chien qui dévore son os et se brosse consciencieusement les crocs avec (tout comme il est bon garder un œil sur lui quand il joue seul avec un jouet d’occupation ou mange son repas habituel).
Comme après tout repas, ne lui faites pas faire d’exercice physique les heures suivantes, pour éviter un vomissement ou une torsion d’estomac.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’alimentation naturelle de nos chiens, vous pouvez vous procurer l’excellent livre : Je nourris mon chien naturellement de Swanie Simon.
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