Avant, je ne pensais pas qu’un chien était capable de manger entièrement une longe à cheval en corde épaisse de deux mètres, et de la digérer.
Jusqu’à ce que Dyna me prouve le contraire…
C’était il y a presque 4 ans. Je m’étais rendue en Mayenne pour adopter Dyna.
Comme elle était très craintive, je lui avais laissé une longe attachée à son collier pour la première nuit chez moi, pour que le lendemain je puisse l’approcher doucement sans qu’elle ne s’enfuie.
Arrivée chez moi le soir, j’ai passé un peu de temps avec Dyna et mon autre chien Mystic, puis je les ai mis au chenil pour la nuit et je suis allée me coucher.
Le lendemain matin, Oh surprise ! , il ne restait plus qu’un mousqueton en métal accroché au collier de Dyna.
La longe entière avait totalement disparu!
Dyna l’avait mangée…
J’ai décidé de la surveiller étroitement les heures et jours suivants et de l’amener chez le vétérinaire au moindre signe d’occlusion (au vu de son état émotionnel à l’époque, je préférais lui éviter autant que possible une anesthésie et une chirurgie).
Par chance, la longe fut éliminée naturellement par petits morceaux durant les jours suivants.
Cette anecdote, qui aurait put être fatale pour ma chienne, fut ma découverte du « Pica », ce syndrome qui fait avaler aux animaux des objets non comestibles, syndrome qui existe aussi chez les humains, et qui peut autant toucher les chiens que les chats.
Le PICA, c’est quoi ?
Le PICA, aussi nommé « cacophagie », est un syndrome qui pousse un animal ou un humain à l’absorption itérative (répétitive) d’objets non comestibles. Ce syndrome qui peut être temporaire dans les premiers mois de la vie du chiot (dans ce cas il est souvent causé par le besoin d’exploration orale du jeune mammifère sur son environnement), est plus inquiétant quand il se produit à l’âge adulte, que ce soit de façon ponctuelle (causé par un stress momentané par exemple) ou de façon permanente.
Les matières non comestibles ingérées peuvent être de toutes sortes : bois, plastique, tissus, caillou, plâtre et papier peint….
Les conséquences de l’ingestion de ces objets sont diverses. Elles vont du simple vomissement (le corps se débarrasse de l’objet étranger de façon naturelle), à l’étouffement, l’empoisonnement et à l’occlusion intestinale fatale pour la vie du chien ou du chat. Ces ingestions ne sont donc pas à prendre à la légère, et il est essentiel d’en déterminer la cause et de veiller à les éviter pour la santé de votre compagnon à quatre pattes.
Le Pica, pourquoi ?
Votre animal mange des cailloux, du plastique, des ficelles, il lèche le plâtre de votre maison ou avale des morceaux de son panier ?
Avant toute chose, emmenez-le chez votre vétérinaire pour un bilan de santé et un bilan sanguin complet.
Certaines carences (en fer notamment) et certaines maladies (du pancréas, du foie.., ou plus rarement la rage) peuvent pousser un animal à avaler des objets et substances non comestibles.
Si toute cause physiologique est écartée par votre vétérinaire, alors il faut chercher ailleurs les raisons du pica…
- Est-ce un comportement auquel il s’adonne uniquement en votre présence ? Dans ce cas il se peut qu’il théâtralise cette ingestion pour attirer votre attention. Et cela fonctionne très bien, car à chaque fois vous interrompez son « goûter dangereux » pour sa santé et sa sécurité (ce qui est totalement compréhensible).
- Est-ce qu’il avale des objets uniquement en votre absence ? Peut-être souffre-il d’une forte anxiété, causée par la séparation ou la solitude par exemple. Ou peut-être est-il en proie à une énorme angoisse qui trouve son origine dans une source extérieure à son lieu de vie (le bruit de la sortie de l’école voisine, alors qu’il a peur des enfants par exemple) ou intérieure à son lieu de vie (pour les chats, le déplacement d’un meuble ou l’arrivée d’un nouveau congénère peut suffire à déclencher le pica…)
Cette ingestion compulsive est alors sa solution à lui pour rétablir son équilibre émotionnel. - Plusieurs de vos animaux font-ils du pica ? Dans ce cas, il se peut qu’il y ait eu un apprentissage par imitation (votre animal reproduit le comportement d’un congénère, et peut même le reproduire de façon amplifiée).
- Avale-t-il les objets par ennui ? Beaucoup de chiens et de chats vivent dans de vrais déserts environnementaux. Un jardin qu’ils connaissent par cœur, un vieux jouet qui a perdu toute sa magie depuis longtemps… Nos animaux sont comme nous, ils ont besoin de nouveautés, de découvertes, d’expériences, de jeux et d’occupation diverses. Imaginez-vous enfermé dans un studio toute votre vie, avec pour seul divertissement le même livre depuis 5 ans. Je parie fort que vous aussi vous commenceriez à développer des comportements « anormaux » au bout d’un moment….
- Ses besoins masticatoires sont-ils comblés ? Certains chiens ont une réelle nécessité de mâcher et de fatiguer leur mâchoire. Ils peuvent s’adonner à cette activité sur tout type de support. A force de mâchonnements, les objets se ramollissent, et peuvent ensuite être facilement ingérés. Ainsi, ma chienne Dyna (la mangeuse de longe à cheval) voue aussi une véritable passion au grignotage de bâton, et souvent elle en avale de petits bouts.
Le PICA, que peut-on faire ?
Consultez votre vétérinaire.
Faites faire un check-up complet avec prise de sang. Dans le cas d’un pica causé par une carence en nutriment, ou par une maladie, il est primordial de rétablir la bonne santé de votre animal avant d’explorer toute autre piste.
Sécurisez!
Que la cause du pica soit organique ou comportementale, la sécurisation de l’environnement de l’animal est impérative. Comme avec les chatons et les chiots, Il faut rendre votre habitat le moins dangereux possible, et rendre inaccessibles tous les objets qui pourraient se révéler alléchants pour votre petit grignoteur.
A la place, laissez-lui des leurres.
Pour les chiens, des oreilles de porc séchées ou des nerfs de bœuf séchés sont des occupations masticatoires formidablement attrayantes (oui, ces friandises puent horriblement, mais elles sont comestibles et ont l’avantage de bien faire travailler la mâchoire de votre animal).
Certains jouets très solides vendus dans le commerce peuvent aussi apporter satisfaction et apaisement à votre animal.
Si votre habitat est impossible à sécuriser (ou que votre animal a énormément d’idées et de motivation pour parvenir à ses fins), l’utilisation d’une cage d’intérieur en votre absence pour se révéler une excellente idée. Apprise progressivement et de façon positive avec l’aide d’un professionnel, elle est alors un refuge dans lequel votre chien pourra rester tranquillement et en toute sécurité pendant de courtes périodes.
Pour les chats, qu’on ne peut pas confiner dans une cage comme les chiens, vous pouvez employer des sprays d’air sous pression qui se déclenchent au passage de votre matou. Positionné proche de l’objet du pica (plante, plastique…) il éloignera votre chat du danger. Etant donné le stress que peut provoquer l’émission de ce spray, n’oubliez pas de donner à votre chat la possibilité de retrouver son équilibre émotionnel et de s’apaiser en lui mettant à disposition suffisamment de jouets, griffoirs et litières.
Assurez-vous également qu’il ait de l’herbe à chat à sa disposition (tellement plus attractive et meilleure que les ficelles de sacs poubelle en plastique !).
Vous pouvez aussi, pendant vos absences, réduire l’espace de vie du chat à une pièce sécurisée dédiée à lui, avec un arbre à chat, une litière, des jouets, de la nourriture… En amont, vous lui aurez appris de manière positive (en y associant friandises et jeux) à passer du temps dans cette pièce, pour qu’elle soit perçue par votre petit félin comme un endroit agréable et sécurisant pour lui.
Très souvent, le pica est déclenché par un état de stress, de tension interne. Il va aussi falloir apaiser votre petit compagnon au quotidien, dans son environnement et ses relations intra et interspécifiques, enrichir son milieu, combler ses besoins individuels. Pour déterminer les causes de son stress et trouver des solutions adaptées à lui seul, vous pouvez faire appel à un comportementaliste professionnel qui saura vous conseiller au mieux.
Enfin, même s’il diminue ou disparaît, il ne faut pas oublier que le pica est un syndrome, et que comme beaucoup de syndromes, il peut réapparaître à tout moment de la vie de l’animal en fonction de l’environnement, de son état de santé, de son état émotionnel, des bouleversements du quotidien etc.
N’oubliez pas d’être toujours vigilant pour que le petit grignoteur qui sommeille en votre compagnon à quatre pattes ne se réveille pas à nouveau.